Edwin est quelqu’un de compliqué. Aimé dans sa jeunesse, la perte de ses proches fut une épreuve atrocement douloureuse pour lui, tout comme l’apprentissage de la survie. En revanche cela lui a aussi permis de se dépasser et de comprendre qui il voulait être.

De l’éducation martial de son père, il a appris la rigueur d’esprit et la droiture du Bon.
De celle de sa mère, il a appris la tolérance et le respect de son prochain.

De leur perte, il a appris la douleur de perdre des êtres chèrs et l’injustice de la Vie. Il a aussi appris à réfléchir à ses paroles, son passé lui ayant appris le poids des mots.

Après ce fut le monde qui le façonna. Il apprit à ses dépens à ne pas croire tout ce qui lui est dit et qu’un bandit ne créerait jamais plus de problème mort. Mais il refuse de croire que tout être puisse être complètement mauvais. En revanche, si après avoir été offert une chance, un ennemi ne se reprend pas, alors Edwin devient un “monstre” sans pitié ni remords. Sa conscience est scrupuleuse et méthodique, il ne laissera rien lui échapper, peu importe le temps requis pour mener son travail à bien.
Mais il essaie de tout son possible de ne pas avoir à devenir ainsi car il n’aime pas cette facette de lui même qu’il juge inhumaine mais nécessaire..

Il aime s’occuper d’enfants et adore s’amuser avec eux dès qu’il n’est plus en service. C’est aussi ainsi qu’il se découvrit un cœur romantique mais il n’a encore trouvé aucune compagne. Et n’a d’ailleurs jusqu’ici, jamais goûté à l’étreinte d’une femme….

Un conteur habillé d’une longue cape noir arrive sur la place publique du village et interpelle les passants et notamment les enfants. S’amusant avec sa petite mandoline, il commence :

“ Oyez, oyez, gentes dames et damoiseaux ! Venez donc écouter ce brave ménestrel ! Laissez moi donc vous narrer l’histoire du pas si célèbre Dragon, Edwin Skirata, membre du Conseil ! Venez donc ! Prenez place et écoutez !

Notre histoire commence il y a bien longtemps de cela ….Ou pas tant que cela en fait ?

Notre histoire commence donc, il y a de cela, un peu plus de cent vingt ans.”

Un enfant, un peu plus malin que les autres fait une réflexion :

“ Mais il était pas né Edwin !”

Le conteur s’amuse et joue les indignés :

“ Comment cela, Edwin n’était pas né ? Êtes vous donc là pour m’écouter ou m’interrompre jeune homme ? Ecoutez et vous verrez ! Bien. Je disais donc ? Ah oui !

Notre histoire commence donc, il y a de cela, un peu plus de cent vingt ans. C’était lors d’un magnifique mois de Cazilo qu’Ellana Volus se mariait à Laarty Skirata. Qui étaient ils ? Et bien laissez moi vous les présenter :

Ellana était une magnifique jeune fille à la chevelure noir de jais. Élève d’Anduin, Chef des mercenaires des Crocs du Nord, elle venait d’opter pour une vie citadine au contraire de son éducation. Et cela expliquait le nombre de brutes musclées sans cervelles en train de pleurer au dernier rang. Mais ce n’est guère important. Car si Ellana, Dragon de l’Ombre, venait de choisir cette vie, c’était pour l’homme de sa vie.

Laarty Skirata. Homme sans grand renom, c’était cependant un excellent sabreur et le chef de la garde du petit village de Dale, au nord, situé sur les flancs du bassin des montagnes de Xanarya. Musculeux jeune homme au cheveux de feu, il avait offert son coeur à l’instant où il avait rencontré la jeune femme. Après plusieur mois d’efforts divers et variés, il avait fini par obtenir le coeur et la main de sa bien aimé. Et ce n’avait pas été sans mal, car si son approche direct avait plus à la demoiselle, elle avait fortement déplu à Anduin qui dotait bien trop sa successeur. Aussi avait il tout fait pour empêcher cette situation. En vain.
Après plusieurs mois il avait céder.

Et c’est ainsi que les deux amoureux accédèrent au bonheur. Ou tout du moins, c’est ce qui aurait du se produire. Mais la vie n’est jamais aussi simple, surtout dans des petits villages d’à peine deux mille habitants comme Dale.

Les mercenaires n’était pas les bienvenues et la seule raison pour laquelle leur présence avait été toléré jusque là était qu’ils accompagnaient initialement un convoi marchand. Mais quand le convoyeur choisit de ne plus faire appel à leur service car il n’y voyait plus d’intérêts, les Crocs du Nord étaient restés à Dale, laissant le marchand rentrer seul.

Et les tensions n’avaient fait que monter. Les chasseurs y voyait une perte en gibier et les villageois les voyaient comme une nuisance lorsqu’ils venaient boire en ville.
Le coup de grâce fut lorsqu’un villageois un peu ivre vit un Dragon une nuit de pleine lune. Ils jugèrent les mercenaires coupable "d'attirer les ennuis" sans exceptions. Les mercenaires savaient de quoi il en retournait mais il était hors de question d’en parler. Cela n’attirerait que plus d’ennuis. Et Laarty eut beau essayer de faire entendre raison aux villageois, rien n’y fut.

Aussi le couple choisit il quitter le village en même temps que leurs amis. Refusant poliment l’offre d’Anduin, ils choisirent plutôt d’aller s’installer dans les montagnes, non loin d’une petite rivière qui coulait depuis les hauts des monts de Xanarya. Ils y bâtirent une petite maison des plus agréable et s’y installèrent. Et ils y vécurent heureux pour le restant de leur vie ?

Evidemment ! Mais notre histoire ne fait que commencer !” Le conteur fait un clin d’oeil à son public. Il prend une gorgée de sa gourde puis reprend son histoire :

“ Cette décision avait coûté au village mais ils récoltaient ce qu’ils semaient. Le couple ne passait que de temps à autre pour acheter quelques provision et revendre le produit de leur chasse.

Cette décision, l’un dans l’autre avait finalement été bénéfique pour le couple. Ellana avait pu révéler son secret à son mari et leur éloignement du village avait faciliter leurs escapades dans la nature. De plus lorsque la pleine lune arrivait, Ellana n’avait plus à se préoccuper d’être vu. Finalement, Edwin pouvait enfin s’adonner à toutes ces tâches banales auxquelles il aurait voulu participer mais que son travail l’empêchait. Et maintenant qu’il était avec sa tendre compagne, le temps passait s’en que l’un ou l’autre ne le remarque.

Après un peu plus de quarante ans, le couple fut béni de la naissance de leur fils. Et c’est ainsi qu’Edwin vu le jour, au plein milieu des montagnes. Les années qui suivirent furent à la fois un cauchemars et un bonheur pur pour le couple. En effet, cette petite boule d’énergie sur pattes leur offrit bien des frayeurs à de nombreuses reprises mais ce n’était rien comparé à son sourire et à sa radiance joyeuse. Peu importe ce qu’il se passait Edwin arborait toujours un immense sourire. Qu’il se fasse fâcher pour s’être jeté et roulé dans la panière de linge ou qu’il soit félicité pour avoir maîtrisé l’alphabet à à peine sept ans et demi, il regardait toujours ses parents avec un grand sourire de chenapan et demandait de se faire caresser la tête. Puis quand il atteint l’âge de quatorze ans son père commença à l’entraîner. Le matin, il avait droit à une heure de course à pieds dans la montagne, puis il devait suivre l’enseignement de son père, apprenant à manier la lance et le sabre/katana. Il avait ensuite droit à un repos bien mériter. Ils mangeaient ensuite tous ensemble et partaient à la chasse. En rentrant il avait droit à deux heures de cours avec sa mère puis il était libre jusqu’au repas du soir.

Sa routine, des plus simple, porta rapidement ses fruits et Edwin devint vite très intéresser dans l’envie de battre ses parents. Malheureusement pour lui, la tâche se révéla bien plus ardu que prévu. Aussi choisit il de suivre ses parents à la trace afin de trouver leur faiblesse. Et ce qui devait arriver, arriva. Lors d’une nuit de pleine lune, il découvrit la vérité concernant sa mère. Mais plutôt que d’être pris d’effroi, il fut émerveillé par la forme nocturne de celle qui était sa mère. Se précipitant vers elle pour la féliciter, il fut rattrapé de justesse par son père. Celui-ci craignait ce jour car il savait toutes les implications de ces transformations et il lui fallait toujours garder ses nerfs d’acier lorsqu’il voyait sa femme souffrir. Et il craint la catastrophe lorsqu’il vit son fils se jeter sur elle en pleine transformation. Il le rattrapa par le col et le traîna plus loin laissant sa femme finir de se transformer en paix. Décidément rien n’était simple….Il aurait préféré attendre avant de révéler un tel secret à son fils, mais il était trop tard, le secret était divulgué.

Attendant aux aguets de voir si sa femme allait bien, il fit taire toutes les protestations de son fils. Lorsqu’Ellana revint vers lui et vit son fils dans les bras de son mari, elle s’inquiéta un instant, avant de voir les yeux brillant de son fils et poussa un long soupir.

Le couple se regarda alors et éclata de rire. Décidément, il n’en manquerait pas une. En revanche la réplique suivante du petit leur ôta toute envie de rire :

“ Trop chouette ! Papa ! Papa ! Regarde Maman ! Elle est trop belle ! Je veux faire pareil ! Je veux faire pareil ! Dites, dites, moi aussi je veux devenir comme ça !”

La remarque, innocente, frappa les deux parents comme un coup de couteau au cœur. Instantanément, Laarty voulu gifler son fils. Mais se retint. Il ne savait pas. Après tout, lui même n’avait appris certaines de ces choses il n’y a de cela que quelques années. Il n’avait pas le droit d’en vouloir à son fils.

Les yeux d’Ellana  était quand à eux voilés de tristesse, se rappelant un jour du fardeau qu’elle imposerait à son fils. Ce n’était pas un sujet facile et il n’était certes pas temps de lui apprendre la vérité. Elle leur fit plutôt signe de grimper sur son dos. Et c’est ainsi que notre jeune héros conquis le ciel pour la première fois.

Et pourtant…. Après cet événement, rien n’avait vraiment changé. Les leçons continuèrent, les saisons passèrent et Edwin continuait de prendre en expérience. Il avait maintenant toutes les connaissances rhétoriques nécessaires pour vivre seul en Kalerya voir dans les autres mondes. Il égalait son père à l’épée et approchait du niveau de sa mère. Mais rien n’avait changé. Il avait bien sur appris les base sur les Dragons, mais quelque chose restait hors de sa portée.

Un jour, lors d’une de ses parties de chasse Edwin se demanda ce qu’avait pu vivre ses parents. Il savait que son père avait travaillé autre part avant d’être le chef des gardes de Dale mais il ne lui avait jamais réellement parler de cette partie de sa vie. D’ailleurs, Edwin ne se souvient même pas avoir entendu ses parents discuter de quoi que ce soit autre que de ses leçons ou de leur amour. Edwin soupire et se concentre.

Il avait confiance en ses parents et en leur jugement, ils l’instruiront un jour. Enfin c’est ce qu’il avait espérer. Malheureusement, les choses ne vont jamais comme nous le voulons. Et cela, Edwin allait bientôt l’apprendre.

Peu après ses quarante quatre ans, ses parents lui octroyèrent plus de liberté et il commença à chasser seul. La montagne possédait quelques prédateurs mais aucun d’eux ne représentaient désormais de réel menace pour Edwin. Premièrement car il avait atteint un niveau martial bien supérieur à tout prédateur habitant cette montagne et deuxièmement car il portait l’odeur de sa mère, autant dire celle d’une Dragonne et rien de tel que l’instinct animal pour vous rappeler de rester loin d’un Dragon.

C’est ainsi qu’un jour, l'inévitable arriva.


Alors que le soleil se levait à peine, Edwin était partit chasser pour se faire un peu de monnaie tandis que ses parents allaient se préparer pour le rituel de la pleine lune dans le haut de la montagne. Edwin devait s’en tenir éloigné afin de ne pas briser la concentration de sa mère lors de la transformation, aussi essayait il toujours d’éviter ce moment. Lorsqu’il avait appris la souffrance et le contre-coup de la métamorphose, Edwin avait cru que c’était là la raison de la tristesse qu’il avait lu dans les yeux de sa mère la première fois. Et encore pire, il avait compris la douleur qu’elle avait enduré à chaque fois qu’elle lui avait promis de l’emmener dans les cieux lorsqu’il réussissait à passer un nouveau palier.

Effaçant ces pensées de son esprit, il se concentra sur sa situation et repris sa chasse. Le gibier ne viendrais pas à lui et Niruth approchait. Il serait bon d’avoir quelques réserves.
Quelques heures plus tard il fit l’inventaire de sa chasse : il avait attrapé quatre lapins dans ses collets, avait abattu trois perdreaux et avait touché le gros lot avec un jeune cochon sauvage d’une douzaine de kilos.
Il prit alors la direction de Dale, bien content de ses prises. Le village n’était pas trop loin du point de chasse et il ne lui fallut pas plus d’une heure pour atteindre la ville. Étrangement, Dale était bien calme en cette fin d’après-midi. Normalement les enfants seraient en train de jouer sur la grande place tandis que le chef du village et le boucher discutait des dernières nouvelles politiques. Mais aujourd’hui, pas d’enfant et le chef était étrangement silencieux, assis sur son banc devant l’échoppe à regarder l’auberge, l’œil hagard.

Notre jeune chasseur le salua ainsi que le boucher mais leur réponse vide et tendu ne firent qu’augmenter son inquiétude. Il se tramait quelque chose….
Le boucher lui acheta volontiers ses proies et après une petite séance de négociation qui lui redonna le sourire, il lui remit une bourse de deux milles kinnhas. Plus qu’heureux de cette somme, Edwin demanda nonchalamment la raison de cette….”non-agitation”. Et la réponse ne le surprit qu’à moitié. Un groupe suspect était arrivé peu avant midi et avait réquisitionné la totalité des chambres de l’auberge. De plus ils avaient immédiatement disposés des hommes dans toute les villes et plusieurs groupes étaient partis.
Cela n’augurait rien de bon. Edwin prit son argent et remercia les deux hommes tandis qu’il quittait la place centrale. Il paya ensuite visite à plusieurs familles pour leurs offrir un salut de ses parents - majoritairement d’anciens amis à eux - puis il décida de rentrer chez lui. S’il ne tardait pas trop, il serait rentrer un peu après le coucher du soleil. Mais ça, s’était si tout c’était bien passé…..

Car, à peine était il rendu à la moitié du trajet qu’il entendit des bruits de course effrénés et des cris. Il grimpa vite à un arbre, seulement pour voir passer quelques minutes plus tard un groupe de quatre hommes courant à pleine vitesse, comme s’il traquait une proie. Mais ce fut leur équipement qui lui déplu instantanément : bolas, arc, aiguilles, filets, dagues et épées. Ce n’était pas des armes de chasse. Enfin pas de chasse traditionnelle. C’était une chasse à l’homme et plus probablement à un Vampire. Edwin serra les dents et attendit patiemment qu’ils soient loin de lui avant de sortir. Hors de question de les amenés près de chez lui. Surtout alors que sa mère allait se transformer. C’était trop dangereux. Il choisit alors de faire un détour par l’ouest, traversant ainsi un des ruisseaux qui alimentait le fleuve en aval. Il serait ainsi plus dur à suivre et pourrait s’assurer de ne pas être suivit. Il atteint la zone peu après le coucher du soleil et traversa rapidement le ruisseaux à guet. Il connaissait l’endroit et n’eut aucun mal à trouver le passage peu profond. Mais alors qu’il s’appretait à repartir, il entendit une légère perturbation dans un buisson. Edwin se raidit instantanément et se tourna vers l’origine du son juste à temps pour voir une jeune femme s’écrouler. Il hésita. Le temps d’une fraction de seconde, mais il hésita. Puis ses principes reprirent le dessus. Et aussi son arrogance. Il connaissait la forêt et la montagne par coeur, personne ne pourrait le suivre. Il se dépêcha, retraversa le cour d’eau, saisi la femme inconsciente, la chargea sur son dos comme un sac, retraversa et se mit à courir. Hors de question de l’amener chez lui, le risque était bien trop grand. Mais il connaissait une grotte dans les montagnes que son père et lui utilisait comme point de repos quand ils partaient chasser plus loin. L’endroit ferait un bon refuge et les hommes en noir ne devrait pas trouver l’endroit. Aussi se dépêcha t’il, courant dans la nuit comme si le soleil illuminait son chemin. Dans moins d’une heure, sa mère se transformerait et elle pourrait le récupérer. Le sort de l’inconnu dépendrait alors d’elle même. Elle aurait un minimum de matériel à sa disposition lorsqu’elle se réveillerait et ses blessures auraient commencé à cicatriser.

Mais les choses ne se passaient jamais comme on l’espérait. Après moins d’une demi-heure, un hurlement de loup résonna dans toute la région. Loup-Garou. Edwin le savait. Les loups ne vivaient pas par ici et les rares qui descendaient si bas attendait les première neige pour chasser ici. Hors il ne neigerait pas avant encore deux bon mois. Les hommes en noir avait/était donc des Loup-Garous. Edwin redoubla d’effort et augmenta sa vitesse de déplacement. S’il était retrouvé ici, il était fini. Il se devait d’arriver à la grotte. Il lui fallait encore dix minutes à se rythme et il en faudrait au moins quarante de plus avant que ses parents puissent lui venir en aide. D’ici là, il était seul.

Il arriva à la grotte essoufflé mais sain et sauf. Mais au vu des hurlements, il était clair qu’ils avaient retrouvé la piste de leur proie à la sienne par la même. Le temps manquait. Il appliqua rapidement les premiers soins à sa patiente et prépara deux modestes fioles de sang - pas plus d’un cinquième de litre chacune qu’il laissa à ses cotés. Il banda alors son poignet gauche et se fit un semi-garrot au même bras afin de réduire la perte de sang. Il ne voulait pas que l’odeur se répande. Puis il alla chercher deux des trois lances au fond de la grotte. S’il devait se battre, il ne se laisserait pas faire, peu importe ses adversaires. Il s’équipa aussi d’une épée et s’embusqua à l’entrée de la grotte. Personne ne rentrerait.


Les premiers hommes arrivèrent après vingt minutes. Ils étaient une équipe de deux loups et deux hommes. Arriver devant la grotte le premier loup fit mine de rentrer dans la grotte tandis que les autres se dispersaient autour afin de couper toute retraite à quiconque voudrait essayer. Tant pis. Edwin aurait préféré en avoir plus dans son attaque surprise mais la tête d’un loup lui simplifierait déjà bien l’existence. Et il se laissa tomber du plafond où il s’agrippait et trancha nette la tête de l’homme bête qui s’aventurait un peu trop sur de lui dans la grotte. La tête roula au sol sans émettre le moindre son tandis qu’un flot de sang continu giclait hors de sa carotide. Edwin se retira immédiatement dans les ombres tandis que le corps s’effondrait, l’action ayant échappé à ses adversaires.

Constatant au bout de deux minutes un manque de réponse flagrante de leur camarade les deux hommes vinrent éclairé l’entrée de la grotte, leur sabre au clair. Mais lorsqu’ils firent un pas et virent le cadavre sans tête, ce fut leur fin. Car une lance venait de se planter dans leur gorge. Et l’éclat de lumière des torches sur les lances en métal fut la dernière chose qu’ils virent. Voyant ses deux camarades tombé cette fois-ci, le dernier lycanthrope bondit sur Edwin et celui-ci eut à peine le temps de sortir sa lame pour se défendre. Dix minutes s’étaient écoulés depuis leur arrivée et sa mère ne devrait plus tarder, il lui fallait juste tenir. Il avait appris de son père la dangerosité des crocs d’un lycanthrope et il lui fallut toute sa concentration et toute sa force pour ne pas subir la moindre blessure. Et cela n’augurait rien de bon pour lui. Son adversaire aussi semblait surpris car il n’était pas habitué à ce qu’un humain lui résiste ainsi. Et cela le perturbait. Et sans s’en rendre compte il laissa pendant l’espace d’un instant une ouverture. Toute simple. Une position des griffes juste un peu trop haute et l’épaule gauche trop ouverte. Et Edwin saisit l’opportunité. Il se glissa derrière lui par la gauche et lui sectionna ses tendons puis lui empala le coeur à l’instant où ses genoux touchaient le sol. Proprement, sans bévue. Comme un bon soldat. Et au moment ou il releva enfin la tête, pensant enfin pouvoir souffler, il aperçu un cauchemar. Deux groupes étaient arrivés tandis qu’ils se battaient. Et ils applaudirent. Ils avaient vu un guerrier à l’oeuvre et lui rendait un dernier hommage avant de le tuer. Il n’avait plus de tour et nulle part où fuir. Peut être pourrait il gagner du temps ? Non, aucune chance. Tandis qu’il se battait les groupes avaient pris positions et ils étaient parfaitement préparés pour l’achever dans la minute qui suivait.

Mais il ne tomberait pas sans combattre. Il fit un pas en avant, comme pour un duel, son épée devant lui.

Un homme avança. Non. Un Lycant avança. Un peu plus petit que les autres. Avaient ils décidé de s’amuser avec lui ? Edwin n’en savait rien. Mais il ne comptait pas se rendre.


Mais la suite fut ridicule. Il fut mit en pièce. Quasiment littéralement. Il perçut à peine les mouvements de son adversaire. En ayant vaincu deux, il s’était cru fort et avait péché. Il en payait maintenant le prix. Les lacérations étaient horribles. La souffrance était inimaginable. Le simple fait de respirer était une torture. Il attendit un coup de grâce. Qui ne vint pas. C’était là sa punition pour avoir pris quatre vies des leurs. Il souffrirait et mourrait lentement. Dans une souffrance abominable.


Edwin hurla. Un cri sans fin, de haine, de peur et de souffrance. Un cri qui déchira la nuit. Un cri inhumain de souffrance. Un cri inhumain de tristesse.

Un cri qui fut suivit d’un silence.

Puis qui fut suivit d’une réponse. Un cri qui fut suivit d’un autre cri - le plus terrible des cris : celui d’une Dragonne enragé. Un cri de haine pur qui ferait pâlir une Banshee. Un cri qui glaça le sang comme l'esprit des huit silhouettes encapuchonné. Un cri qui signa leur arrêt de mort.



Ellana déposa Laarty non loin et laissa couler sa haine. Huit âmes quittèrent les plans mortels dans les minutes qui suivirent.
Puis quant elle s’approcha du corps de son fils, elle sentit une faible lueur de vie en lui. Regardant son mari désespérer, elle l’interrogea du regard. Et il hocha de la tête.



Quand Edwin revint à ses sens, le jour se levait. En lui coulait une étrange énergie. Se reprenant peu à peu, il eu tout d’abord du mal  à contrôler son corps pour se relever. Ses blessures le faisait souffrir le martyr mais il semblerait qu’il s’en remettrait avec le temps. Celles qui étaient mortelles n’étaient plus que de vilaines plaies traversant qui laisseraient quelques cicatrices, assez particulière en revanche... Puis il regarda autour de lui et put constater toute l’horreur de la scène qui l’entourait. Son père reposait, là, allongé à côté de lui, couvert de marques de griffures, le visage serein tourné vers lui. Et sur les genoux du fils reposait sa mère. Regardant autour de lui il vit ce qui devait être les restes de huit hommes. Puis un peu plus à sa gauche, après son père se trouvait les corps de trois hommes et d’un Lycant de plus de deux mètres vingt. Tous tués par une lame. Edwin secoua doucement l’épaule de sa mère qui dormait. Un cri lui échappa. Les blessures de son dos étaient plus profondes qu’il ne l’avait cru. Mais il serra les dents. Et il secoua sa mère un peu plus fort. Et se rappela alors qu’elle dormait toujours toute la journée après s’être transformé. Mais une petite voix dans sa tête lui indiqua que lorsqu’un Dragon transmettait ses pouvoirs, l’élu renaissait et l’ancien disparaissait avec l’essence transmise. Edwin balaya cette idée. D’où savait il cela ? Et puis, ses parents lui en aurait parler. Et puis, renaître ?

Mais son esprit savait la vérité. Deniant voir la vérité, il tenta de réveiller son père. Mais quand il finit par constater les blessures de ce dernier, il comprit vite alors tout ce qui c’était :

Sa mère avait tué dans sa rage les huit premiers puis avait sacrifié sa vie pour le sauver. Mais alors qu’elle lui transmettait son essence, le dernier groupe était arrivé. Son père les avait alors affronté et tué mais ses blessures étaient bien trop graves pour être soignés et il avait passé l’arme à gauche à peine quelques minutes plus tard, après que son fils ait été protégé, s’écroulant à côté de lui, heureux d’avoir pu protéger ceux qu’il aimait quand il avait fallu. Puis sa mère était morte une fois le rituel de passations terminer.


Un long râle de désespoir sortit de sa gorge. Long et douloureux. Râle de celui qui vient de perdre ses êtres chers. Râle du seul survivant de cette macabre nuit.

Seul ? Non. Car celle qu’il avait voulu sauver avait été épargnée par ce sacrifice onéreux. En la sauvant, Edwin avait payé le prix fort. Sa famille n’était plus et elle était toujours en vie. Après s’être assuré de son état de santé, Edwin l’abandonna dans la grotte et alla enterrer ses parents près de leurs maison. Il creusa d’abord deux tombes, souffrant à chaque coup de pelle. Mais une fois rendu à celle de sa mère, il trouva que cela ne leur rendait pas suffisamment justice. Aussi prit il la hache de son père et abattit un nombre d’arbre incalculable. Coup après coup, gémissement après gémissement, n’accordant que de brefs répis à son corps sanguinolet. Puis il les débita. Patiemment. Puis il construisit un énorme bûcher dans la clairière derrière le rocher de l’aigle durant la journée suivnte. Puis il déposa leur corps et les couvrit de fleurs. Et attendit la tombée de la nuit. Et quand le soleil eu enfin disparu de l’horizon, il mit feu au bûcher. Et le regarda brûler. Longtemps…….


Il rentra ensuite tard dans la nuit et s’endormit.

Il consacra la semaine suivante à la création de leur pierre tombale. Puis une fois satisfait il alla l’installer :

“ Ici repose Laarty et Ellana Skirata. Eux qui ont aimé et donné leur vie pour le fils ne seront jamais oublié. Que le nom de Skirata ne soit jamais oublier. Qu’il soit à toujours graver dans les mémoires comme celui de vaillants guerriers aimant.”


Il lui fallut deux autres semaines pour se remettre suffisament de ses blessures.

Edwin prépara alors ses affaires et partit. De sa mère, il avait gardé son épée. De son père il avait gardé les tenues. Il passa ensuite par Dale et expliqua - plus ou moins, omettant quelques détails - ce qui s’était passé au chef du village puis partit. Il avait décidé de voyager à travers les mondes.

Et c’est ainsi qu’il commença son périple.

Il commença d’abord par s’entraîner comme un effréné pendant les neuf ans qui suivirent, afin de s’assurer qu’il ne soit plus jamais dépendant d’un sauveur. Puis il visita les autres mondes.

Au cours de ses nombreux voyages, il rencontra un recruteur du Conseil. Celui-ci lui expliqua le travail du Conseil et de ses membres et l’invita à les rejoindre. Cependant Edwin ne rejoignit pas la division de recherches et de stratégies où il était recommandé mais choisit plutôt de servir la division de l’éducation et du recrutement. Il savait que ses capacités n’étaient pas les plus adaptés pour ce rôle mais il voulait offrir à tous une chance de mettre leur dons au service de la communauté. Et il était curieux de servir sous les ordres d’Ulamula Ahuna. Cette dernière lui avait forte impression lors de leur première rencontre.

Et ce fut ainsi qu’Edwin rentra à son service, obtenant par la même un moyen de passer du temps avec les enfants et apprentis du Conseil. Edwin appréciait toujours transmettre son savoir et profitait de chaque opportunités pour apprendre quelque chose de nouveaux. Ce fut ainsi qu’il vécu pour les années qui suivirent, voyageant ça et là, appronfondissant son savoir, tout en cherchant de nouveaux talents. Et partout où il allait il contait les exploits de ses paires.”



Le conteur s’arrête, sourit à son public et reprend une rasade à sa gourde. Tous le regardait, attendant la suite du conte.

“ Et bien, mes chers, c’est à vous de découvrir la suite de cette histoire. Elle est écrite en ces lieux, en ce moment même, je vous l’assure. Alors cherchez bien et venez me la raconter. Comme cela, je pourrais rajouter toute les légendes que vous êtes dans mon conte !” dit il en ébouriffant la tête d’un des enfants en offrant un sourire aux demoiselles du troisième rang.

“ Maintenant, si vous voulez bien m’excuser, du travail m’attend !” dit il un sourire ravi. Et remettant sa capuche il se dirigea vers les ombres d’une ruelle dans laquelle il disparut…