Décrivez votre mental en 10 lignes minimum.

Kalerya, de nos jours

Elle n'était que rarement revenue à Kalerya. Pourtant, à peine avait-elle posé le pied sur la branche solide d'un grand pin qu'elle se sentit submergée par une vague d'émotion profonde qui lui apportait les effluves d'un passé qui lui paraissait lointain et presque irréel. Elle ferma les yeux et s'ouvrit entièrement aux vibrations ambiantes. Une tendre douceur l'enveloppait petit à petit et elle n'était pas dû uniquement aux rayons du flamboyant soleil d'été. Au contraire, c'était comme si la planète elle même accueillait le retour d'un enfant prodige avec toute la tendresse qu'elle pouvait lui apporter. Sessuréa ouvrit à nouveau les yeux et balaya diligemment toute la zone qui s'étendait en-dessous d'elle. Elle s'assit ensuite contre le tronc de l'arbre sur lequel elle était encore perchée, puis elle sortit un petit calepin de sa sacoche de voyage et saisit un crayon logé dans ses cheveux.

[ Peut être n'aurais-je du jamais revenir. Je crains devoir combattre une force bien plus grande que la Congrégation elle-même : celle de mes souvenirs. Ils prennent leurs essences dans tous ce qui vit et le vent me les apporte en flot incessant. Quelque chose au fond de moi me crie de faire demi tour, mais une autre voix, ferme et forte, m'assure que je ne peux pas me soustraire à mon destin. Je suis déterminée à accomplir une nouvelle étape de mon apprentissage. ]

Elle rangea le calepin dans la sacoche, se rééquipa prestement puis elle écouta attentivement les vents. Elle ressentit alors un flux aérien puissant qui l’emmènerait là où elle était décidée à se rendre : au Crépuscule.


Eclypteth, il y a 2 ans

« Vous êtes désormais membre du conseil. Faites honneur à votre position, Fée. »
Sessuréa se redressa, le cœur bondissant dans sa poitrine. Après toutes ces années d’entraînement, elle y était enfin parvenue. Doucement, elle s'inclina vers le chef de conseil et énonça son serment de fidélité à voix basse, mais suffisamment distinctement pour que toute l'assistance puisse l'entendre. Peu après, les participants à la cérémonie se retirèrent en glissant discrètement quelques bénédictions et autres encouragements à l'égard de la nouvelle recrue. Sessuréa s'éclipsa elle aussi et se rendit sans attendre dans une taverne proche, encore vide à cette heure-ci. Elle saisit son calepin, son crayon, et consigna en quelques phrases ces impressions sur son entrée au conseil. Puis, elle se détendit sensiblement et commanda un thé lorsqu'elle la serveuse vint à sa table.

Assignée grâce à Felicia au régiment de la stratégie guerrière, Sessuréa s'appliquait avec soin à chaque entraînement et était un soldat franc et honnête. De condition physique nettement plus faible, elle rivalisait grâce à son agilité et à sa rapidité. D'ailleurs, son arme n'était qu'une dague d'acier trempé, de portée extrêmement courte, qui n'autorisait pas à Sessuréa la peur ou l'hésitation. Chacun de ses mouvements étaient précis et calculé, ce qui ravissait son chef de régiment, qui voyait en elle déjà une combattante précieuse.


Eclypteth, 1 an plus tard

Les missions se faisaient rares. Sessuréa était trop jeune pour être destinée aux tâches les plus délicates et restait souvent de réserve au conseil. Les journées étaient longues et ennuyeuses. Assise à une table du réfectoire, elle faisait tournoyer sa dague entre ses doigts, et elle se demanda si c'était une impression où si elle perdait en rapidité de jour en jour.
Elle avait quelques jours plus tôt demander un nouveau grade à son chef de régime, qui l'avait regardé d'un œil presque mauvais en lui répondant fermement qu'il n'approuvait pas ce genre de requête. « Tu n'as encore rien prouvé, recrue. » ajouta-t-il avait de la pousser sans ménagement en dehors de son bureau. Dépitée, elle s'était alors isolée dans sa chambre et avait commencé à écrire fébrilement sur son carnet.

[ Je pense que c'est plutôt le conseil qui ne m'a rien prouvé. Depuis que je suis arrivée, aucun nouvel enseignement n'a élevé ma conscience au delà du point auquel j'étais déjà parvenue. Il y a un an, quand j'étais arrivée, il y avait au fond de moi un flux d'énergie balbutiant à l'aube de son apprentissage. A présent, ce même flux est devenu violent et il tambourine sans cesse contre ma chair et ma peau pour s'exprimer pleinement. Cela me meurtrie et m'épuise et je perds de plus en plus le contrôle de mon esprit. Je me sens de plus en plus faible et cela m'inquiète. ]

Les jours qui suivirent furent de plus en plus délicats à aborder pour Sessuréa. Par moment l'énergie violente qui l'envahissait manquait de la couper complètement de son esprit ce qui la plongeait dans des crises de convulsions terriblement douloureuses. A présent, elle était assignée à sa chambre et devait restée clouée au lit selon son bilan médical.

Elle ne pouvait plus rester ici. Réunissant les dernières bribes encore accessibles de sa conscience, elle balaya sa fidélité au conseil et s'échappa dans la nuit. Le vent s'était alors levé, comme un allié fidèle prêt à l'aider dans sa fuite, et elle en ressentit les puissants courants ascendants dans lesquels elle se jeta. Alors, elle libéra ce qui lui déchirait les entrailles depuis si longtemps et battit puissamment les ailes en hurlant à la lune. Elle resta ensuite en suspension quelques instants, dans un calme soudain et alors apparurent deux ailes forgées dans un matériau métallique brillant. Elles flottèrent quelques instants autour de la fée, puis cette dernière constata que ce n'étaient pas véritablement des ailes, mais une armure. Elle s'équipèrent d'elle-même, recouvrant presque intégralement ses propres ailes. Aussitôt, Sessuréa sentit un nouveau champ de possibilité s'ouvrir à elle. La conscience magique de l'armure était presque palpable. Elles s'appelaient Keyrun et Sheyran. Et elles pouvaient la servir dès maintenant.

Alors, Sessuréa agita puissamment ses ailes et elle s'envola avec une légèreté et une vitesse qu'elle n'aurait jamais cru atteindre un jour. L'armure avait été conçue de manière à ce que Keyrun et Sheyran ne fussent pas parfaitement identique, et cette légère dissymétrie, si elle était troublante au début, était en réalité une bénédiction qui permettait à la fée d'emprunter des trajectoires d'une précision alarmante. Jamais il ne lui avait été si aisé de tournoyer aussi vite à travers le vaste ciel en fournissant aussi peu d'effort. Elle se laissa aller à l'euphorie, portée par un vent doux et chaud et baignée par la lueur tamisée du clair de lune, savourant sa libération.


Kalerya, de nos jours

Elle était presque arrivée. Néanmoins, un dernier soubresaut d'hésitation la poussa à se poser à une distance encore respectable du grand édifice. Elle savait que de puissants personnages vivaient dans la bâtisse et qu'ils pourraient apporter une source considérables d'informations à son propre épanouissement. Elle savait aussi que les intentions du Crépuscule, si on ne s'aventurait pas à parler en termes de bien et de mal, étaient très controversées.

Elle repensa à sa dernière année au sein du conseil. Là où elle avait toujours rêvée d'être s'était avéré devenir l'endroit qu'elle répugnait le plus à revoir actuellement. Elle l’associait trop étroitement à la souffrance qui lui avait meurtrie l'esprit pendant de si long mois. En outre, elle en était persuadée, si le conseil bridait ses recrues et suivait scrupuleusement une hiérarchie établie depuis des siècles, le Crépuscule, qui en était à ses premiers pas, devait sûrement favoriser le développement rapide de soldats d'élites. Un sentiment d'exaltation grimpa petit à petit en elle, et c'est à présent sereine qu'elle s'élança vers son destin.

(en cours)