Lumière divine, lumière céleste, qu’elles sont belles les ailes qui dessinent ses contours, les traits se fondent avec les êtres de vertus et on s’attendrait presque à voir la belle auréole tourner autour de sa tête. Quasar, c’est l’une de ses créatures au cœur trop grand, le palpitant est siège de tout, il dirige les membres sans que la raison puisse parfois ne serait-ce que s’exprimer. Si le cerveau est pour la plupart instrument de mesure et d’habiles réflexions sur le monde qui les entoure, pour Quasar, il n’est qu’un outil tronqué qui ne révèle pas la beauté que l’on peut trouver dans tous les décors et les gens qui les peuplent.

C’est le cœur qui lui permet de pardonner alors qu’on aurait bien pu lui faire du tort, alors qu’on aurait bien pu lui faire du mal, le cœur garde les marques et oublient, il n'est pas le lieu de mémoire, c’est un objet endurant qu’il façonne jour après jour. Les cicatrices qui le parsèment n’enlèvent rien de ses sourires et de l’insouciance dont l’homme semble toujours faire preuve. Qui pourrait lui reprocher de trop facilement se faire avoir par les affects qui endorment les sens et cette sensation de danger qui devrait normalement le happer, qui pourrait en vouloir à la dorure, à ce carcan brillant qui l’emprisonne et le trompe à longueur de temps ? Ceux qui en ont marre de le voir et d’encaisser pour toujours se relever avec les dents toutes montrées pour sûr, des imbéciles incapables d’aimer peut-être, et lui-même assurément, lui-même qui crache sans cesse sur cette faiblesse étrangement fragile.

La bonté du cœur peut sans garde s’embraser, laisser des cendres et du charbon dans un miraculeux incendie si les personnes avec qu’il entretient un battement synchronisé viendrait à s’essouffler, le cœur toujours qui mène Quasar dans un brouillard. Pourtant, l’homme observe, il voit et scrute, aime comprendre des signes chez les autres qui devraient lui permettre de discerner les attentions. Mais il lui arrive de fermer les yeux sur les symboles, car l’homme est une œuvre complexe venant des puissants et celui qui croit en comprendre toutes les règles ne peut que se fourvoyer. Trait important qui ne peut qu’influencer son comportement, les croyances divines qu’il se doit de chanter en des prières silencieuses des notes ou des paroles. Pas un seul jour ne serait s’écouler sans qu’il y fasse appel d’une manière révérencieuse, cela laisse transformer bon nombre de ses jurons qu’il lui arrive de disperser.

L’arrogance, goût acidulé qui pourrait faire regretter à certains de se l’être mis en bouche, vilaine épine qui vient planter le doigt qui croyait pouvoir s’approcher de la rose immaculée. Quasar s’émule lui-même de son parfum fleuri, de ses performances et des actes qu’il aurait pu commettre sans aucune raison valable. Il a cette soif qu’est de survivre par l’œil de l’autre, on dit que ça explique sa bonté d’âme. Chair et sang comme doux poison, il aime s’en envenimer comme pour prétendre que ses charmes sont encore constants qu’il réside en son sein une beauté faite d’une fausse pureté qu’il encrasse dans une chaleur étouffante et des draps pliés. Il en profite souvent pour planter dans la peau gentiment offerte, il quémande sa pitance, il ne la prend jamais sans demander par pur principe même si dans les ombres et ces moments qui semblent loin de terre personne ne saurait dire ce qu’il a vraiment pu faire.

Justice, une faim grandiose qu’il tente d’assouvir depuis qu’il est membre de la congrégation, pour que les créations divines ne dépérissent pas à cause de folles mains avides qui ont plongé dans des abysses. Protéger et servir, des vœux pieux qui ont franchi ses lèvres plus d’une fois et lesquelles il espère ne jamais avoir à revenir.   

(1. clarya) Elle court, elle se perd dans les vents et les tempêtes, mais elle court la mère. On voit son haleine qui s’échappe et la petite chose qu’elle sert contre elle, il se fait secouer dans le tumulte, mais les mains maternelles agrippent leur petit joyau, beau cadeau qui dans cette course à le poids d’un fardeau. Peut-être qu’elle aurait dû leur laisser, son fils, pour s’échapper plus vite, pour pouvoir s’évanouir dans les ombres à l’abri de leurs lueurs. Des lumières et des torches tourbillonnent entre les branches et les cimes, ce sont des feux follets à la recherche de leurs proies, cette femme et son gamin, tous deux en émoi. Elle le sent, elle le sait, ils viennent pour leurs iris, quatre perles sacrées qui, à ce qu’on dit, valent une fortune. Elle ne pouvait pas les leur laisser ni les siennes ni celles de sa descendance. Non,elle avait un plan. Son sourire brilla comme un soleil de minuit.
Qu’elle fut donc cette idée d’habiter si loin de la cité ? « C’est pour le calme chérie, on trouvera rien de mieux en ville puis on est à une demi-journée de ta belle bibliothèque, tu ne vas pas te plaindre… » Elle aurait dû se plaindre, ah ça oui, elle aurait dû, en y repensant. Elle n’aurait pas à se perdre dans les bois avec son enfant, elle aurait pu se rendre chez des érudits qui auraient pu la cacher le temps d’une soirée, puis ses talents là-bas auraient été appréciés, elle en est sûre maintenant, même si son homme avait réussi à l’en dissuader. Il avait dit qu’ici, il y aurait moins de crieuses et de brigands, moins de serpents, qu’il serait plus à même de garantir sa sûreté ici, à sa petite fée. Qu’on lui dise maintenant où il est son mari, où est-ce qu’il a bien pu se cacher, où est-ce qu’il a bien pu se terrer, cet abruti, ce lâche qui n’a rien d’un guerrier. On se demande comment elle a pu l’aimer, le fermier, on se demande comment il a pu la charmer entre ses détours à Etemenanki. Il semblait fort disait-elle, il semblait pouvoir tout faire pour moi pensait-elle. Le cœur était absurde, il n’a pas su voir à travers le masque, voir de quoi l’homme était vraiment capable. Il était une nuisance, rien qu’une nuisance et elle s’était laissée avoir, il ne lui reste qu’à pleurer dans des mouchoirs. À moins qu’on ne lui laisse pas le temps d’exprimer son chagrin, qu’on lui arrache les yeux avant qu’il n’ait pu s’écouler d’eux la moindre larme.

Elle enjambe un tronc, ses ailes battent l’air pour qu’elle cavale entre bois telle une sylphide. Si seulement elle possédait une magie, si seulement elle était, elle aussi, sorcière comme sa grand-mère, mais l’héritage n’est pas présent dans ses veines, non, l’aïeule  ne lui a transmis que les pierres bleues, des ailes et une poussière féerique. Rien qui ne faisait d’elle une mage malheureusement. Elle n’avait pour elle que des savoirs rédigés qui glissaient dans sa tête, mais aussi un peu de ruse et de malice peut-être que ça suffira contre des monstres cupides. Un cri la surprend tout comme les hommes qui la suivent, alors qu'elle savait ce qui allait suivre. Les torches ne dansent plus, ils se sont arrêtés. Et d'un qu’elle énumère. Son mari lui aura au moins appris à faire des pièges et à ne pas se perdre dans cette maudite forêt. S’ils s’en sortent vivants, elle jure de laisser mille offrandes aux dieux. Elle ne les oubliera pas s’ils ne l’ont pas non plus oubliée.

(2. clarya) Elle se perd dans les dédales des ruelles, encore enivrée par toutes les lectures qu’elle vient de faire, toutes les choses qu’elle a pu apprendre en se plongeant dans les livres. Chez Quasar aussi, ça tourne dans sa tête alors qu’il reste fortement accroché à celle à qui il doit par deux fois la vie. « Tu crois qu’on pourra un jour y aller à Vanerzame ». La mine de la femme se fit plus sérieuse, elle rejoint à nouveau la terre ferme. « Bien sûr que oui, mais il va falloir, attendre et ne pas perdre espoir Quasar» Le temps que tu grandisses mon garçon, le temps que tu rejoignes la Congrégation. Elle l’avait vu dans les cartes la route pavée qui attendait son fils, celle qu’il l’emmenait ailleurs, elle avait vu qu’il en verrait des choses, qu’il parcourait des lieux après de bien horribles épreuves. Le fou escalade la tour où il y trouvera l’érudit et puis la mort, un sublime renouveau qui l’amènera à la rencontre du monde. Il y avait bien des façons d’interpréter les paroles de Glowarys, la déesse de lumière, il y avait bien des façons de lire les messages qu’elle avait révélés en tirant des lames de son bien-aimé tarot, mais, elle était sûre d’une chose, le bonheur de son fils ne se concrétisera qu’après avoir enduré des blessures, tel était la volonté des Puissants et bien malgré elle, elle courbait l’échine devant ces mauvais présages. S’ils avaient décidé que ça devait se passer de cette façon, c’est qu’il devait y avoir une raison quelque part. Il suffit de la voir elle, Clarya, plus rayonnante que jamais dans cette ville qui abrite les plus grandes bibliothèques. S’il n’avait pas eu cette mise à l’épreuve, elle n’en serait pas là, non, elle serait cloitrée loin des savoirs avec un incapable. Au moins, ici, elle apprenait, ici, au moins elle enseignait. Oh que oui, elle était aimée et respectée la fée, elle pouvait lire mille livres, apprendre des mots aux plus sages si elle l’avait lu quelque part. On la savait bienveillante, car elle n’utilisait pas son don afin de récolter le pécule, non, elle le partageait ce qui avait pour effet de ne produire aucun ressentiment chez les savants. Que les dieux soient bénis personnes n’ira arracher ses yeux. Son fils pouvait s’épanouir tranquillement en attendant que ce qui doit arriver arrive à moins que les changent d'avis. Si seulement le vent pouvait l'emmener ailleurs : elle, elle ne pouvait en attendant ne lui offrir que des sourires, toute sa foi et son amour en espérant que ça suffise à ce qu’il ne coule pas si les ténèbres viennent l'emporter.

(3. quasar) Il faut que tu gardes des doigts sur tes oreilles Quasar, tes doigts dans tes oreilles même, il faut que tu sois sourd à tout ce qu’il y a autour. Les bruits, les cris, il faut, les effacer, il faut les oublier, ne plus y penser. Il faut que tu sois aveugle aussi, il ne faut plus rien voir Quasar, il faut que tu restes dans le noir. Alors il ferme les yeux. Ne gémis pas quand elles te touchent, elles seraient heureuses sûrement. Mais, il sent leur souffle, l’amer souffle, le douloureux souffle sur sa peau. Ça brûle et ça pique. Ça monte dans sa gorge, ça menace de sortir, mais il s’étrangle, il s’en empêche, il ne faut pas qu’il fasse preuve de faiblesse. Elles doivent le croire fort, pour qu’elles puissent le garder en vie au moins encore une nuit. Elles ont mis des chaînes sur ses poignets, elles l’ont bien gentiment attaché ajoutant même un boulet à ses pieds. « C’est pour que tu ne puisses pas voler mon garçon », C’est sûrement ce qu’elles avaient dit avant de le jeter en prison. Il y en a d’autre ici, des comme lui, ils sont une dizaine à être entassés ici. Qui sont-ils ? La question ne franchit pas ses lèvres, car il trouve déjà des réponses par lui-même. Ce ne sont pas des enfants, ce ne sont pas des adultes. Ils doivent avoir à peu près son âge vingt-deux années. Ils ne sont plus des enfants et pas encore des adultes. Nous sommes entre les deux. « Vous êtes en transition, vos corps appellent aux changements, c’est le bon moment. » Ça aussi, elles l’avaient dit les Banshees. Quasar, il ne savait pas vraiment de quoi elles parlent en disant ça, il n'aimait pas vraiment les grandes lectures scientifiques pourtant, il sait ce qu’elles veulent faire, ce qu’elles ont toujours voulu faire. Il l’a deviné quand ils l’ont amené et qu’ils ont traversé l’océan avec comme pour compagnie, une belle nageuse. Elle avait une queue de poisson, des écailles pour chair à des endroits découverts. Elles lui avaient mis quelque chose dans la bouche pour l’empêcher de parler. « On ne voudrait pas que tu pousses une petite chansonnette » Elles avaient parlé à ce moment aussi. Elle avait pleuré, dans un beau silence, il y avait que des larmes qui perlaient sur ses joues, Quasar, il l’a regardé sans dire un mot, c’était mieux comme ça il croit. De toute façon, elle est morte quand ils ont débarqué sur cette terre étrangère. Elle a voulu plonger, rejoindre son royaume parce qu’elle les croyait inattentives les chapardeuses, mais elles savaient qu’elle essayerait. Elles ont crié, elle est tombée, pas dans la mer mais sur la pierre, pauvre fille. « Qu’elles sont pénibles à vouloir s’enfuir, t’es pas une fée tu sais. Des poissons, il y en a d’autres » Sa main s’était arquée le sang avait giclé, puis Quasar, on l’a mené jusqu’ici en le poussant, le trimbalant. Est-ce qu’elle me cherche maman ? Où est-elle est dans les livres et les lignes ? Est-ce qu’elle tire les cartes pour moi ? Est-ce qu’elle demande aux Dieux de veiller sur ma carcasse ? Il avait peur que ses prières ne soient pas assez conséquentes, qu’elles ne soient pas assez bruyantes pour les atteindre les Puissants. Son corps commence à secouer, il tremble, de peur, de froid, de désespoir. Mais non, il ne pleura pas, il ne le fera que dans ses rêves et dans ses rêves seulement. De l’eau coule sur sa joue, des perles que l’élément de Valormurk cache dans ses linceuls. Ses ténèbres sont là pour le faire dormir. Merci.  

(4. quasar)


(5. quasar) Il priait, priait pour que leurs mains ne bougent plus autour de lui, autour d’eux. Parce que oui, il n’était pas seul même s’il a l’impression de n’être que solitude dans ce monde de blessures. De torture. Peut-être qu’il devrait mourir qui sait, peut-être qu’elles devraient vraiment en finir. Mais non, elles ne semblaient pas vouloir, elles jouaient encore avec lui ou du moins, ce qu’il en restait. Des morceaux éparpillés qui ne s’altéraient pas que grâce à la magie qu’elles utilisaient pour le garder en vie. Les garder en vie. Leurs expériences, celles qu’elles regardaient tous les jours pour voir s’il y avait quelconque évolution dans ces organismes qu’elles se plaisent à vouloir reconstruire. Les dieux ne le permettront pas. Elles devraient les connaitre les lois. Une piqûre, il va bientôt s’endormir, seuls les dieux sauront ce qu’il advient de lui. C’est peut-être mieux comme ça, il ne verra pas ce qu’elles pourront fabriquer au milieu de ses entrailles.
LE MONDE EXPLOSE.
Un fracas survient alors que ses paupières se scellent, des cris se lèvent, mais il commence déjà à partir loin Quasar. Les tintements sanglants ne sont qu’une berceuse. Il ne verra pas le visage, il ne sentira même pas les bras qui le soulèvent et qui l’emmènent.