Vivre dans une famille comme la tienne n’est jamais une partie de plaisir, loin de là. C’est une lutte constante de pouvoir, une bataille acharnée pour survivre dans un monde tel que le vôtre.

Depuis toute petite, on t’a inculqué la supériorité de la Maison Báthory. Certes, ta famille fait partie des vampires impures, mais son statut social dans l’aristocratie humaine la rendu des plus hautaines. Et forcément, cela a déteint sur toi. Il y a peu de créatures de la nuit que tu juges ton égale ou même supérieure à toi. Cela a, d’ailleurs, déjà engendré quelques mésaventures houleuses avec certaines personnes susceptibles, les loups-garous en tête. Ils resteront pour toi que de simples bêtes au comportement sans réel sens et infantile. Le conflit qui anime le camp des vampires et celui des hommes-loups est une chose futile, car l’ordre naturel des choses devrait être la domination de ta race sur la leur.

Une autre race qui est réceptrice de ta haine est sûrement celle des Strigoi. Rien de pire que ces immondes créatures cruelles et sanguinaires. Ta plus grande crainte est de finir comme elle, immortel, dépourvu de ressentis et sans possibilité de marcher au soleil.

Dans les créatures de la nuit, seuls les démons ont acquis ton respect. Mais ne parlons même pas de la majorité des créatures du jour, elles n’auront jamais ta considération. À la limite, tu les supportes.

Malgré tout, une chose vient dénoter avec ce sentiment de fierté exacerbé, c’est la mélancolie et l’envie qui peut t’envahir quand tu regardes les humains, la seule race du jour que tu respectes malgré leur titre de « dîner pour vampire ». Ils ont la volonté d’aller de l’avant et de supporter la mort bien plus rapidement que celle qui frappe les vampires. Ils ont aussi la force de gérer leur vieillissement alors que ceux de ta race ne sont pas atteints par cette malédiction.

La façon dont tu te bats est aussi un reflet de la philosophie de ta famille. Tu aimes jouer avec ta proie, lui laisser croire qu’elle aura une chance de gagner et, une fois qu’elle pense avoir réussi, tu lui prouves le contraire en prenant bien soin de la combattre avec une immense férocité et cruauté. Très peu de personnes ressortent indemnes d’un affrontement avec toi, bien que toi aussi, il t’arrive d’être amoché à la suite d’une rixe. Mais, tu sens qu’il y a encore plus en toi, il y a une envie incessante de lutte. Ta participation à la Seconde Guerre Mondiale n’a pas aidé. Le goût du carnage t’a envahi et tu n’aspires qu’à plus de lutte sanglante.

Dans la Maison Báthory se sont les femmes qui dirigent et non les hommes. Cela est dû au fait qu’Elisabeth Báthory Ier soit la fondatrice de votre clan de vampire. Elle a imposé des règles très strictes qui relèguent les hommes au second plan. Ils ne sont là que pour éduquer et instruire les futures régentes de votre famille. Tu vises donc le plus haut poste possible dans toutes les organisations que tu fréquentes.

La première chose que l’on remarque en t’observant, c’est avant tout le charisme qui se dégage de toi. Tes gestes millimétrés, le timbre suave de ta voix féminine te donne une prestance affolante. Tes yeux d’un rouge vif et perçant captent et envoûtent toutes les personnes qui croisent ton regard. Tes cheveux mis longs d’un noir corbeau flottant au vent rendent le tableau encore plus ensorcelant.

Une croix chrétienne en argent orne ton lobe droit en guise de boucle d’oreille, signe de l’ancienne croyance qu’avait ta famille. Un ras-de-cou sombre est visible sur ta gorge délicate, souvenir de la seule personne que tu n’as jamais aimée. Ces deux objets sont les uniques accessoires décoratifs que tu te permets d’afficher.

Tu endosses en permanence un costume du dix-neuvième siècle des plus sophistiqués, ce qui dénote beaucoup avec la mode actuelle, car selon toi « les codes vestimentaires d’aujourd’hui n’ont aucune idée de la bonne présentation de soi ». Le pantalon est coupé soigneusement, te laissant assez libre de tes mouvements. Tu te chausses de cuissardes à gros talon afin de marquer un brin ta féminité. Le veston que tu portes au-dessus d’une chemise blanche n’est centré comme il faut, ni trop large, ni trop serrer. Une double rangée de trois boutons est apparente. L’un d’eux arbore une chaîne qui descend jusqu’à ta poche de veston et cache une montre à gousset plutôt ancienne, réminiscence de ta mère morte un peu trop tôt. Tu te pares également d’un long manteau bordeaux, lui aussi d’époque, afin de te protéger des affres du soleil. Il pourvut de multiples déchirures dans le bas de la coupe marquant son usure. Pour compléter le tout, tu noues une cravate par-dessus ta chemise.

Autrefois, celui qui aurait eu la chance de pouvoir te dénuder pour une partie de plaisir charnelle n’aurait vu qu’une peau parfaite, douce et sans aucune cicatrice. Mais depuis un certain temps, voire un temps certain, une partie de ton derme à changer à cause de ta rencontre spirituelle avec un être que tu n’aurais jamais pensé entrevoir, un Dragon et pas n’importe lequel, le Dragon des Ténèbres. Sur une part de tes membres et sur ton flanc gauche, des écailles peuvent apparaître selon la situation que tu affrontes.

Par tout temps, qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige ou qu’il fasse beau, tu portes en permanence un chapeau à bord large assorti à ton manteau, ainsi qu'une paire de lunettes de soleil polarisé avec des protections sur le côté.

Ton caractère hautain se reflète dans ta démarche altière. Tu ne prends pas le temps de détailler les personnes qui te font face quand tu marches dans la rue. Ils s’effaceront d’eux même quand tu passes.
 

Ton histoire débute bien avant ta venue au monde, elle démarra pendant la Renaissance, en quinze cent soixante, avec la naissance d’Élisabeth Báthory Ier du nom, aristocrate issue d’une vieille lignée noble et fière de son statut. C’est elle qui a forgé la réputation dont jouit ta famille à travers les siècles.

Tout à commencer avec sa propension à la violence et la folie. Elle a tué et récupéré pendant des années le sang de vierges afin de s’y baigner et d’acquérir ainsi la jeunesse éternelle. Enfin ça, c’est ce que la légende humaine raconte, mais ce que les historiens et écrivains de ce peuple ne savaient pas, c’est qu’il y avait une tout autre raison à l’apparence continuellement printanière de la Comtesse Sanglante. Ils ignoraient tous simplement qu’il s’agissait d’une créature de la nuit, ils ignoraient qu’il s’agissait d’une vampire. Elle fut mordue par l’un des rares sangs purs existants dans sa prime jeunesse et en fût transformé elle-même en monstre buveur de sang.

Elle apprit tout ce que son maître avait à lui enseigner pendant des années, sa nouvelle manière de vivre, trouver des personnes volontaires à l’extraction sanguine, et, bien évidemment, la maîtrise de ses pouvoirs naissants.

Cependant, sa démence latente se réveillait un peu plus chaque jour. Si bien qu’elle bâtit sa légende en commettant une kyrielle d’exactions. Alors qu’on lui avait appris la discrétion à cause de sa condition, son déséquilibre mental lui fit faire tout cela au vu et au su de tous. Elle ne tira pas une jeunesse éternelle en recueillant le liquide vital des vierges comme tout le monde le pense, mais un meilleur contrôle du sang de vampire qui coulait dans ses veines. Elle développa une magie nouvelle qui permettait de l’utiliser comme une arme. Et de ses expérimentations naquit également une faux formée de l’essence même de sa famille et qui se transmet à chaque dirigeante de ton Clan.

Dans ses rares moments de lucidité, elle s’accoupla avec un autre vampire impur, lui aussi issu de l’aristocratie de l’époque, et de cette union résultat une fille, elle-même créature de la nuit. Par vanité, la première Comtesse Sanglante nomma sa progéniture Élisabeth Báthory IIe et imposa que le premier enfant féminin de chaque portée doive hériter de ce nom pour perpétuer la légende. Et dans la foulée, elle codifia aussi toute la façon de se conduire de ta Maison.

Élisabeth Báthory IIe rendit honneur à sa génitrice. Enfant, elle terrorisait déjà les villages aux alentours, encore effrayés par le rapt de vierge. Elle te donna naissance en dix-huit cent soixante-sept, te baptisant Élisabeth Báthory IIIe comme le voulait la coutume. Mais tu ne fus pas la seule fille à qui elle fit le don de la vie. Deux sœurs jumelles te furent données, Catherine et Juliana. Elles te jalousèrent bien vite, voyant toute l’importance que l’on pouvait t’accorder de par ton statut d’héritière.

Les cinquante premières années de ta vie ne furent pas vraiment palpitantes. On t’inculqua les valeurs de ta famille et on t’enseigna tout ce qu’une personne de ton rang avant besoin de savoir, les lettres, le protocole et bien d’autres choses de ce genre. Une rivalité de plus en plus importante se creusa entre ta fraternité. Mais, on cultiva ta supériorité et ta haine profonde afin que tu l’emportes toujours sur elles.

Puis, survint la Première Guerre Mondiale. Ta mère y participa pour défendre les siens. Elle n’avait pas vraiment de camps, elle luttait contre tous ceux qui voulaient assiéger le château familial. Cependant, elle n’y survit pas longtemps. Un chasseur de vampire l’ayant traqué et tué pour les atrocités que ta Maison avait commises. A la suite de cet évènement, on te mit à l’abri jusqu’à la fin de la guerre, afin de protéger l’héritière du Clan Báthory.

C’est pendant la Seconde Guerre Mondiale que tout ton potentiel destructeur fut révélé. À l’aube du conflit, tu contractas un pacte avec ton familier, un démon-loup nommé Gromwell. Il était l’ôte de la peur et du cauchemar. Comme ta génitrice avant toi, tu y participas afin de protéger les tiens. Le Troisième Reich voulait capturer des vampires pour expérimenter dessus et de créer des Supersoldats, grâce à la section scientifique paranormale sous le contrôle de Wilhelm Strasse. Tandis que les Alliés souhaitaient prendre possession du château de ta famille, car il s’agissait d’une place forte apportant un avantage tactique considérable.

Il te fallut une détermination et une force inouïe afin de venir à bout de ces deux menaces, ton familier et ses capacités t’y aidant beaucoup. Mais à un moment de la guerre, cela ne fut pas suffisant. Il te manquait une puissance pour occire ses deux envahisseurs. Lors d’un affrontement, on te blessa grièvement. Tu étais à l’article de la mort quand un évènement, que tu n’aurais jamais cru possible, survint. La forme d’un Dragon t’apparut, un être immense et fait des ombres elles-mêmes. Il te scruta, t’observa avec une grande intensité et finit par te dire une chose inimaginable. Il t’avait choisi pour être son réceptacle ici en ce bas monde. Ses yeux s’allumèrent d’une lueur d’un rouge étincelant et la forme de cette créature se précipita dans ta direction. Tu ressentis un pouvoir colossal, une puissance démesurée, t’envahir.

Par ce miracle inattendu, tes capacités de régénération furent démultipliées pour ce seul instant précis. Tu retrouvas ta santé olympique et mis un terme à cette bataille en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire. Les prochaines incursions hostiles furent des plus simples à repousser grâce à ton allié démon-loup et à ta nouvelle force draconique.

Une fois la paix revenue suite à ce conflit international, les membres de la Maison Báthory existants reconnurent en toi l’âme de la dirigeante que tu devais être. Tes sœurs le firent aussi, mais ivre de jalousie et de haine, elles décidèrent de s’exiler et de partir en quête de puissance pour te détrôner. Cependant, en ce qui te concernait, en dehors de tes obligations de chef de famille, plus rien grand n’avait d’attrait pour toi. Seul le carnage du combat n’arrivait à  attirer ton attention. Tu passais donc la majorité de ton temps enfermé dans la bibliothèque du château pour t’occuper.

Tu attendais alors que de nouvelles guerres se déclarèrent pour y participer et étancher ta soif de sang et de massacre. La première Guerre du Golf, du Viêt Nam  et bien d’autres encore se déroulant dans le monde y virent les affres de ton appétit macabre et belliqueux.

Un jour, quelques années après les attentats du World Street Center, alors que tu étais dans les bacons de Budapest, un homme étrange t’aborda.  Il prétendait appartenir à une communauté de personnes voulant redéfinir les mondes à leur image et à celle de la déesse Evaherya et que celle-ci t’observait depuis un certain temps. Il t’expliqua qu’il s’agissait de la divinité des brasiers, de la passion, de la guerre et de la destruction. Il voulait t’offrir une place dans la Secte des Flammes afin de t’accomplir et de laisser s’exprimer toute ta rage intérieure.

Au début, réticence à cause de tes responsabilités, tu déclinas son offre, mais il t’invita à bien y réfléchir et qu’il serait là pendant encore une semaine si jamais tu changeais d’avis. Tu t’enfermas alors dans ta bibliothèque et cogitas sur le choix qui se présentait à toi. Que valait une vie de responsabilités où tu ne serais jamais vraiment heureuse contre une vie de carnages de bain de sang ?

Tu recontactas cette personne à la fin du temps qu’il t’avait imparti et décidas d’accepter sa proposition, mais il y avait une condition quand même. Tes responsabilités, tu ne pouvais pas les oublier comme ça. Il fallait que de temps en temps tu retournes chez toi pour pouvoir assumer ton poste de chef de famille. Il te répondit que ce n’était pas à lui de prendre cette décision, mais que ses supérieures ne devraient pas être totalement contre cette option. Un sourire malicieux apparut alors sur ton visage, ta légende allait pouvoir grandir encore plus.

***

Voilà maintenant un peu moins de dix ans que tu as rejoint la Secte et tu n’as jamais été plus heureuse qu’en cet instant. Ta soif de guerre est étanchée comme tu le désirais et tu peux laisser libre cours à tes plus bas instincts. Que demander de plus ?