C’était une journée comme les autres, j’étais au QG à boire et à ne rien glander comme à mon habitude avec Flash sur mon dos. Cela faisait même un bon moment que je n’avais pas fait une seule mission, et je pourrais bien me prendre un retour de flamme de la part du grand chef, mais je n'en avais pas grand-chose à faire. Ce qui demandait un effort physique pouvait attendre un autre jour. Après tout, je ne pense pas être indispensable pour quelconque mission, laissons ceci pour la plèbe.
J’étais tranquillement assis à ma table, mes bouteilles de saké empilées et quelques feuilles pour nourrir mon précieux familier qui discutait aussi lentement qu’il marchait, « C’est tellement agréable de ne rien faire, tu ne veux pas aller faire une sieste après ? -Excellente idée Flash, ne rien faire donne une fatigue plutôt grande »
C’est alors que je le vis arriver dans la salle, lui et ses cheveux blanc, son drôle de dessin sur l’oeil gauche. Notre cher maître Alexander. Je me contentais de l’appeler par un simple « yep » et lui faire un signe de la main pour qu’il me rejoigne. Après tout, pourquoi ne pas boire un petit coup avec lui et parler de la pluie et du bon temps.
Il fallait croire qu’il avait du temps à tuer, car il accepta de partager une bouteille (voir plus) avec moi, nous discutions essentiellement de ma faculté à strictement rien faire au sein de l’organisation, mais n’oublions pas que je suis un péché, c’est que j’ai donc fait mes preuves dans le passé. Du haut de mes quarante ans, on aurait pu croire l’inverse, croire que j’étais le leader, le big boss. Mais non, j’étais le subordonné d’un jeune homme qui sentait encore le lait, mais cela ne me faisait pas grand-chose, contrôler une organisation demande efforts physique et mental, et je n’étais absolument pas apte à gérer tout ceci.
Plus le temps passa, plus les discutions étaient varié. Puis, je me souvenais de ce jour où j’avais récupéré cette bague étrange, on m’avait dit qu’elle renfermait un pouvoir surpassant celui des Dieux, que ce qui habitait à l’intérieur de cette bague pouvait pourfendre n’importe qui. Je ne manquai pas l’occasion d’en parler à Alexander, accentuant bien sur le fait que j’étais persuadé que mon yao pouvait surpasser le sien, car je savais qu’il en possédais également un. Cependant, j’étais gentil, je lui expliquais juste que j’étais certain d’avoir une valeur sure dans mes mains, et qu’aucun autre yao ne pouvait le surpasser.
Voilà encore une journée classique dans le Crépuscule, trônant sur ce qui me servait de fauteuil, je répondais aux demandes de mes sujets et je lançais les ordres de missions. Ceci était légèrement divertissant, mais pas assez pour m’occuper toute une journée. Après cette longue matinée en quelque sorte, je pris mon après-midi m’éclipsant de ce lieu qu’était ma salle du trône. Je vagabondais tranquillement dans les couloirs du bâtiment principal saluant les membres que je croisais. Je portais toujours mon masque ne laissant visible que la partie inférieure de mon visage et mon petit tatouage rouge au coin de l’œil.
J’arrivais enfin dans la salle commune, il y avait de grandes chances que je trouve quelque chose ou plutôt quelqu’un au vu de la nature du lieu pour réussir à me faire passer le temps. Ni une, ni deux, un de mes membres les plus prestigieux m’interpella. Bridvard, voilà quel était son nom, il s’agit d’un des membres de mon 10ème Commandement. La paresse, il portait bien son titre, mais quand il devait être actif et faire une mission, on pouvait compter sur lui, sinon il n’occuperait une place aussi importante dans ma hiérarchie. Le loup m’invitait donc à boire un verre avec lui, voilà une idée des plus intéressante, cela faisait un moment que je n’avais pas pris un petit verre juste pour le plaisir.
Ainsi commença en quelque sorte notre beuverie en pleine après-midi, nous discutons de tout et de rien, mais surtout de rien quand nous parlions de la capacité de cet homme d’être flemmards, faisant passer son paresseux de familier pour un être hyperactif. Je sentais rapidement l’alcool me monter à la tête, Brid avait un don pour choisir les bons alcools et là encore je pouvais goûter à son talent. La conversation reprit alors une tournure classique, parlant de tout ce qui nous passait par la tête ou plutôt ce qui arrivait à encore nous passer par la tête. Nous avions consommé une certaine quantité de bouteille, j’en avais perdu un peu le compte avec le temps, mais un autre élément qu’était l’éthanol.
Notre sujet de discussion commença alors à tourner autour des Yaos… Ah les Yaos ces choses extrêmement intrigantes et rare de nos jours. Il y avait tellement de possibilités pour ces objets. Pourtant, les propos de ce loup paresseux réussirent à faire écho dans mon esprit embrumé par l’alcool. Un Yao étant capable de surpasser le mien, pour être honnête, je ne savais pas ce que valait mon Yao, je ne l’avais encore jamais utilisé au cours d’un combat ou même invoqué tout court. Cependant, les paroles qui sortirent de sa bouche donnaient une idée à mon esprit, pourquoi ne pas confronter nos deux puissants Yaos et déterminer lesquels des deux surpassaient l’autre. Je me levais alors de ma chaise titubant légèrement avant de prendre la parole.
“Brid tu m’as… Donné, une bon… bonne idée, il faut que nous nous affrontions po… pour déterminer lequel de nos Guardi… ans est le plus puissant des… des deux.
Je tenais alors mon pendentif prêt invoqué ce champion que l’on m’avait offert en m’assurant que son pouvoir était des plus puissant pouvant mettre hors d’état de nuire n’importe quelles personnes.
Je ne savais pas combien de bouteilles nous avions descendu, il y en avait énormément sur la table. J’étais aussi relativement impressionné par la capacité à Alexander de tenir l’alcool, j’avais rarement eu des gens capables de rester jusqu’au bout devant moi -excepté les membres de mon clan qui ont dû saké à la place du sang-. Une fois la discussion sur les yaos entamé, je pouvais sentir que le maître du Crépuscule avait une idée de génie derrière la tête. Il se leva, manquant de se casser la gueule au sol, pris son collier en main et avait eu la merveilleuse idée de faire un combat de yao. Il faut dire que cette idée était plus que remarquable, j’avais jamais utilisé ce yao et je me contentais des dires que j’ai eu le jour où je l’ai trouvé. Les personnes m’ayant parlé de cette bagues disaient que ce qui était à l’intérieur dépassaient les Dieux. J’étais sûr de gagner.
Je me levais, bague sur le doigt, pointant Alexander de l’autre main. J’affichais un énorme sourire et m’imaginais retourner une casquette.
« Tu... Tu as raison ! Aff…affront... affrontons-nous pour... savoir le...lequel est le mei...meilleur des yaos ! »
En temps normal, j’aurais juste décliné la proposition par flemme de faire un affrontement. Mais une fois l’alcool monté au cerveau, je suis partant pour tout genre de choses. Il fallait aussi avouer que j’étais curieux de savoir quelle était la puissance de cette chose, si ce qui avait été dit était la vérité, je n’allais pas le regretter. Sinon, il fera juste une belle bague.
Il était temps. Je frappais le poing en l’air en criant un « JE TE CHOISIS » à pleins poumons avant de voir une lueur blanche apparaître, laissant vite place à une étrange fumée verte avant de se dissimuler pour laisser place à un…
« Un cocon ? ... »
Oui, un cocon. Mais pas n’importe quoi comme cocon. Un cocon vert bien dégueulasse avec des yeux et un nez apparent. Pas de bouche, pas de sourcils, juste une paire d’yeux et un nez. Je me disais qu’il ne fallait pas se fier aux apparences, qu’il devait être bien plus fort qu’il n’avait l’air. Qu’il devait avoir une magie super puissante et pouvoir démolir ses adversaires sans avoir besoin de poing, raison pour laquelle il n’avait pas bras. Une magie si puissante qu’il n’aurait jamais à fuir, raison pour laquelle il n’avait pas de jambes. Si puissant qu’il n’aurait même pas besoin de parler à ses adverses, raison pour laquelle il n’avait pas de bouche… Toutes ces questions que je me posais en essayant de me rassurer. Mais j’avais une partie de moi qui me hurlait que je m’étais bien fais saucer le cul tellement l’arnaque sur cette chose était énorme. L’espèce de chose verte se retourna ensuite vers moi.
« Bonjour Sir, je suis very heureux que vous m’invoquiez. Je commençais à me dire que vous alliez jamais m’appeler. »
Cette chose parlait donc par la pensée ? M’enfin il y avait tout un tas de questions que je posais, mais j’en avais rien à faire actuellement. Je pointais du doigt Alex’, lui demandant s'il pouvait rivaliser avec ceci.
L’alcool ralentissait tous autour de moi et me donnait l’impression d’avoir une ouïe surdéveloppée, j’écoutais alors les paroles de mon compagnon de beuverie, il semblait être de mon avis. Au bonheur, voilà quelque chose d’encore plus divertissant qui allait survenir, mes sens ou du moins, ce qu’il en restait pour l’instant me fit comprendre que toutes les personnes dans le salon commun avaient fui en courant. Ils avaient sans doute tous trop peur de ce qui allait se passer ici, le combat d’anthologie qui fera trembler les fondements de mon Organisation.
Je regardais Bridvar invoquer sa créature, avec une classe qui, il fallait l’avouer, aurait rendu vert de jalousie le Panthéon lui-même. Une fumée commençait doucement à inonder la pièce, son Guardian savait faire une entrée des plus remarquée, je me demandais vraiment ce qui pouvait se cacher sous ce camouflage, quelle créature Brid avait réussi à trouver, quelle merveille allait me divertir dans quelques instant. Bouche-bée, voilà ce que fut ma réaction en fonction la créature qui se tenait devant moi, je n’étais pas ainsi devant la puissance que reflétaient cette chose, mais plutôt devant la déception devant cette espèce de Cocon dégueulasse qui nous fessait face à tous les deux.
Je ne pus m’empêcher de rigoler, sans doute à cause de l’effet de l’alcool et aussi de cette situation fortement cocasse, il y avait de quoi rire. Tant de vantardise dans les propos de Bridvar que ce moment de déception était d’une ironie fortement bien placé, on aurait presque l’impression d’être dans une histoire, tellement l’action avait été scénarisé. Je reprenais doucement mon souffle, après ce sublime fou rire que j’avais eu, je me redressais aussi doucement, titubant légèrement à cause de l’alcool encore bien présent dans mon organisme et pour ne pas arranger le tout, je reprenais encore un verre tel un toxico en manque total.
Je sentis le doigt du petit Loup me montrer, cela ressemblait bien à une provocation, il devait encore être sur que son cocon immonde pouvait battre mon Guardian. Bien, qu’il en soit ainsi, le combat aurait bien lieu, il ne pourra pas venir pleurer après cela. Je prenais l’air le plus sérieux qu’il mettait possible de faire dans mon état, je décrochais la perle blanc et rouge de son collier avant de la lancer en criant à pleine haleine.
« AU COMBAT, MAGIGARPE !!! »
Un puissant flash bleu envahit alors la pièce, laissant place à une espèce de chose, une chose qui s’avérait être une imposante Carpe. Mon Guardian était un fichu Carpe, j’avais l’air d’un bouffeur de sushis ou quoi ? Puis merde, comment ce truc pouvait être puissant ? Il devait être inutile, il remuait comme un poisson en dehors de son bocal, j’avais plus de pitié pour cette bestiole que de la fierté. Pourtant, je ne devais pas montrer de signe de faiblesse, je devais réussir à gagner contre Brid, mon poisson serait le plus fort. Je lançais un regard d’une forte intensité au loup-garou.
« Alors Bird, tu es prêt pour cet affrontement divin ? »
Je me sentais alors assez mal, mon corps semblait vouloir me dire quelque chose. Aaaaah, je crois savoir de quoi il s'agit, j'avais atteint ma limite pour supporter l'alcool. Je crois qu'il voulait aussi vomir, mais il fallait que je supporte ça, je ne pouvais pas finir de façon aussi pathétique que cela soit pour ma fierté, que pour garder une certaine prestance devant mes membres. Je devais déjà être dans un sale état alors autant évité d'empirer les choses.
Je commençais à voir qu'autour de moi tout étaient en train de bouger, où plutôt c'était moi qui ne tenais plus sur mes jambes. J'avais vraiment trop forcé, je ne pouvais plus tenir, je me sentis tomber à la renverse ou quelque chose dans ce style-là. Le monde autour de moi devint noir, je me sentais partir, j'allais avoir mal demain matin, une bonne gueule de bois comme on en fait plus.
Ceci m'apprendra à boire comme un trou et faire le malin.
Cependant, cette soirée était drôle, même si plutôt courte.
