Dans ce portrait non exhaustif d'un être si complexe, il faut s'attarder à son histoire pour en comprendre toutes ses facettes. Néanmoins, arrêtons nous quelques instants sur ce qui transcende le simple physique pour tendre à sa psychologie, légèrement évoquée ci-dessous au travers d'un profil en parfaite symbiose.
Le psychisme du déchu est parfaitement en adéquation avec le rôle d'antagoniste qu'il incarne. Une entité solitaire, dévastatrice. A contrario du simple guerrier frénétique exhibant sa rage et sa soif de batailles, Goliath couvre de velours cette fièvre destructrice par son flegme légendaire. Ce profil sibyllin est nettement sublimée via sa dextérité du langage. En effet, le serviteur de la lumière jongle aisément avec les mots, son sang-froid, voilant sans difficultés ses fièvres meurtrières, contrôlées aux fils des années.
Solitaire, le coeur de l'homme ne bat plus que pour enfermer le pouvoir qu'il renferme. A l'instar de sa physionomie, son caractère ne dégage un quelconque charisme. Ne souhaitant ni être un meneur d'homme, ni être une déité vénérée, le paria n'aspire qu'à terminer ses jours à l'écart du monde. Il n'éprouve aucune compassion envers ses compères, encore moins pour l'élite qui gouverne le cosmos.

Les secondes deviennent des minutes, les minutes deviennent des heures, les heures deviennent des jours, les jours deviennent poussières. Le temps défile, inarrêtable, imperturbable, continuant sa course vers l'infinie alors que la douleur demeure, inchangée. Comme l'amertume hantant le palais, ses maux siègent en roi, dans le royaume du subconscient. Une ombre lovant le cortex comme un linceul recouvrant un cadavre...

De ses premières années, l'homme n'en garde que des bribes de souvenirs. L'une des rares choses dont il se souvienne, c'est d'avoir toujours arboré ces tatouages religieux. Il lui fallut de nombreuses années d'ailleurs pour entendre qu'elles avaient été gravées sur sa peau par ses géniteurs, comme pour tenter désespérément d'enfouir la part d'ombre qui sommeille en son sein ; inconnue, jusqu'à son âge d'homme tout du moins. Au sein de son village, il était connu comme « l'ange peint » et personne ne restait insensible à cette clarté divine qu'il exhibait naturellement. Ainsi les réticences, les doutes, les peurs qu'émettaient les doyens s'estompèrent avec le temps, substitués par l'étonnement et la compassion.

Née d'une famille pieuse, Goliath a été très tôt soumis à l'enseignement des dogmes qui régissent le quotidien de son ethnie. A l'instar de ses pairs, il a rapidement démontré un dévouement total à la protection des innocents, à l'altruisme, au sacrifice, au vertueux... Déjà la fierté de ses parents dès son plus jeune âge, Goliath était promis à rejoindre l'élite de sa race, à atteindre cette pureté, seule véritable aspiration de ces êtres baignés de lumière. A contrario, le chérubin n'exhibait aucun signe distinctif d'une quelconque aptitude magique, au plus grand soulagement de ses aînés.

Les années se confondaient et sa soif de découverte l'amena à découvrir les contrées au-delà de son village natal. Son train-train quotidien ne suffisait plus au jeune érudit, avide de savourer la vie autrement que dans les livres et dans les histoires que contaient les voyageurs. Ses désirs étaient néanmoins modeste : contempler l'océan, admirer les forêts courbées par le vent, les montagnes ensevelies sous la neige... L'amour ? La peur ? Le courage ? La colère ? Des émotions qu'il n'avait éprouvés jusqu'à présent, se contentant uniquement d'assouvir le serment de servitude que lui imposait son rang.