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Quand on fait 1m12, il peut être assez ardu de se décrire longuement – disons que, eh bien… La surface manuscrite pourrait dépasser celle de l’intéressé, voilà. C’est pourquoi Albrik, si l’on lui posait la question, et qu’il daignait y répondre, se décrirait comme quelqu’un de plutôt musclé, avec une belle barbe et surtout comme n’étant pas si petit. Mais se contenter de ça, ce serait douter de sa mauvaise foi.
Alors, avec toute l'objectivité qui caractérise un narrateur, je vais tenter de dresser son portrait aussi fidèlement que possible.

Donc, en premier lieu, il est petit. Même pour la moyenne de sa race. Reste que l’on ne va pas s’attarder sur le sujet, puisqu’il ne l’apprécie pas vraiment. Bref, passons au reste : sa barbe. Elle est blanche, longue, à peine terreuse et plutôt bien entretenu – d’aucun n’en déduirait qu’est là sa plus grande fierté. Des années qu’il la travaille, et s’il ne l’avait pas perdu il y a bien cent ans elle serait d’une taille quasi incomparable à celle de ses confrères. Pas de bol, comme dirait l'autre.
Au-dessus de cet amas de poil, se trouve son visage. Buriné par le soleil, rougi par les verres des matins, midis, goûters, soirs et digestions, il est surtout marqué par les ravages de l’âge : l’on devine à ses rides que les années ne l’ont pas épargné, tout comme son nez brisé évoque quelques rixes passées élèves de cette même philosophie. En dehors de ça, rien ne manque, et les cicatrices se font rares autour de son pif – à croire qu’il a rendu sa toge de combattant sans trop de délai.
Encore un peu plus haut, se devine son beau chapeau rouge et pointu. Son autre fierté, d’ailleurs. Lorsqu’il a acheté sa ferme, celui-ci était vendu avec la propriété, et le nain l’arbore depuis sans jamais faillir. Voilà.

Enfin, passons au reste de son corps. Il a un ventre plutôt bien présent, preuve indiscrète de son amour pour la gnôle et les bons repas, des mains attaquées par cent ans de bêche, et des muscles, ma foi, existants. Suffisants pour le travail, mais pas bien plus.

Sinon, il porte une tunique bleue, une ceinture de cuir marron, un pantalon un peu plus foncé et des bottes beiges. Et ceci, chaque jour. Sans exception. A croire que le catalogue de son vendeur de l’époque présentait un sérieux souci de diversité.
A moins que ce bon vieux Kogndur n’ait jamais pensé à tourner la page, ce qui ne serait pas impossible, le connaissant.  

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